mercredi 9 janvier 2013

L’objet public

 
Il y a une expression (Africaine, si je ne me trompe pas) qui dit que « Ça prend un village pour élever un enfant ». Une belle maxime pour montre l’envergure de la tâche. Et peut-être que cette expression soulève bien notre réalité : parents, grands-parents, garderie, des amis, des tantes, des oncles, familles reconstituées, etc. En effet, tout au long de son développement, l’enfant est confronté à plusieurs autorités, règles et c’est bien normal pour son développement. Une expression qu’on pourrait bizarrement appliquer d’une certaine façon à la femme enceinte. (Vous vous dites : mais où veux-tu en venir?)

Mais pourquoi je vous parle de ça? Pour soulever une problématique ou un phénomène social que rencontrent les femmes enceintes et les nouvelles mamans : je l’ai nommé le fait de devenir un objet public. Je vois déjà vos interrogations... mais que veux-tu dire?

Je parle du fait que les femmes enceintes appartiennent à tout le monde, c’est-à-dire que la réserve que les gens ont habituellement en société s’évapore totalement devant une femme enceinte. Et le phénomène peut même s’appliquer à la nouvelle maman.


Je m’explique.


Vous souvenez-vous lorsque vous étiez enceinte et que tout le monde se permet de toucher votre ventre? Sérieusement, personne ne vous touche habituellement, alors pourquoi est-ce permis aux étrangers de toucher votre ventre dans ce cas? Ou encore de vous aborder dans une salle d’attente et de vous poser des questions assez personnelles : Le sexe du bébé (OK, on lance une discussion), comment vous aller nommer le bébé (encore là, ça va), mais on arrive inévitablement à la question de si vous comptez allaiter (on commence de plus en plus à être indiscret et le sujet ne se termine pas là). Ensuite, on vérifie si vous vous alimentez bien, si vous prenez vos vitamines. Enfin, vous avez compris le principe.

La grossesse permet à tout un chacun de dire tout ce qu’il pense, de vous exposer tous les jugements et les recommandations possibles et inimaginables.


Et comme je vous dis, le phénomène peut s’étendre aux nouvelles mamans. Je me rappelle, il y a quelques années, une amie m’a raconté une belle anecdote à ce sujet. Elle était au magasin en train d’acheter du lait maternisé. Et tout d’un coup, une totale étrangère la regarde et dit « Quoi vous n’allaitez pas? ». Sérieusement! Pourquoi se permet-on de juger, de reprocher et de passer nos moindres pensées aux mamans? Comme si tout le monde savait mieux qu’elle ce qui est préférable pour son enfant.

Ce concept est tellement bien ancré, que je vous dirais que moi-même, il m’arrive d’y participer. Combien de fois, une maman vous raconte quelque chose et que vous avez la meilleure solution, le pourquoi elle devrait faire comme-ci ou comme-ça. C’est bien si on vous demande un conseil, mais si on vous raconte une anecdote ou que l’on voit l’autre agir différemment, prendre un temps de réflexion avant de parler pourrait souvent être une bonne idée. « Mieux vaut tourner sa langue sept fois avant de parler! » Oui, il peut être intéressant d’échanger sur un sujet, mais souvent dans le cas de la maternité on parle à la maman comme si nous connaissons LA meilleure façon d’agir.

Le jugement vient si facilement. Toutefois, habituellement sur tous les autres sujets, on se garde une petite gêne. Pourquoi est-ce si différent pour les femmes enceintes et les mamans? Je n’ai pas la réponse. Mais le concept de la civilité évolue drôlement face aux femmes enceintes et aux mamans.



Faites-moi part de vos expériences, puisque je sais que plusieurs en rencontrent.


Billet anglophone sur la même thématique : No comment